La motivation profonde de ma démarche artistique provient du paradoxe de la condition humaine.

Je suis, nous sommes animal mortel certes conscient mais biologiquement, temporellement, limité. En même temps, je suis, nous sommes capables l’espace d’un instant, d’appréhender ce qui semble ne pas être humain, ce qui dure, a toujours été, ce qui reviendra.

Je suis, nous sommes capables de frôler parfois l’éternité.

C’est ainsi que je suis mis à travailler des matières et matériaux (métal, bois ou liège..) qui ont déjà eu une vie comme objet et les transfigurant par la sculpture,  je les ai imaginés traversés de lumière.

Saisissements de ressentis enfouis, cristallisation de sensations instinctives qui transcendent notre condition temporelle, chaque sculpture est originale et unique.

Dans mon processus créatif, je passe par plusieurs étapes ; je distingue de façon instinctive, souvent au sein d’une masse d’objets, une pièce, un matériau singuliers. Lentement, je touche, je scrute formes et structures, je change d’échelle et d’angle, j’évalue la force évocatrice, la symbolique des formes premières, le potentiel de l’objet.

Je conserve aussi systématiquement les cicatrices, son histoire passée.

Ensuite je nettoie l’objet, je travaille une première fois la matière pour pouvoir renouveler le processus en intégrant ombres et lumières. J’imagine des associations en travaillant sur les proportions, la répétition, les symétries avec d’autres objets singuliers ou bruts. Je renouvelle encore l’osmose avec les lumières et les ombres créées par mes éclairages.

Enfin tout au long du processus créatif, je cherche à libérer la sensation première éprouvée, nuancer celle-ci ou la livrer brute ou encore en engendrer d’autres.

Mes recherches continuent de porter principalement  sur les points suivants

  • l’ambivalence de la lumière qui guide, sauve, sculpte, apaise ou éblouit et aveugle ;
  • l’ambivalence des ombres créées qui peuvent être ténèbres, menace ou alors réconfort, refuge et lieu de recueillement ;
  • l’effet de l’éclairage sur une texture, une matière plus que l’éclairage lui-même ;
  • le triptyque sculpture-lumière-ombre et le travail possible sur plusieurs plans, ce que produit l’éclairage artificiel inclus dans mes sculptures : les jeux à la lumière naturelle du jour, les ombres projetées selon leur positionnement, les profondeurs créées, le changement de relief voire de nature une fois allumées ;
  • enfin la deuxième chance qu’offre ces sculptures aux objets que je travaille .

Il en est de même pour les êtres, pour moi-même ; l’objet n’est pas ce qu’il est, ce qu’il a été ou ce pourquoi il a été créé mais ce qu’il pourra être. Tout est concentré dans la tension de son devenir.